Lettre de notre Supérieure Générale, 17 mars 2020
Yamoussoukro, le 17 mars 2020
« Continuons de cheminer dans la lumière du Seigneur… »
Chères Sœurs de Sion,
Depuis des semaines les nouvelles venant de l’Europe concernant l’épidémie du coronavirus nous inquiètent beaucoup. Chaque jour nous suivons l’évolution des faits avec un grand intérêt et tout cela habite particulièrement nos prières. Nous nous sommes senties plus proches de vous qu’au paravent et surtout proche de l’Église en prière. Les images du Saint sacrement et de la Vierge Marie survolant l’Italie nous édifient. Est-ce une épreuve de fécondité spirituelle ?
La lettre de sr M. Gabrielle, qui renseigne sur la situation à Sion, nous a mieux éclairées sur le quotidien de nos sœurs qui n’est pas un parti de plaisir. Merci ma sœur ! Que Dieu vous garde toutes de tout mal !
Depuis hier, tout à changer de notre côté. Après le cas avéré d’un jeune ivoirien venu de l’Italie, la psychose s’est bien installée dans le pays. Un décret présidentiel autorise la fermeture des classes (de la maternelle à l’université), ainsi que des lieux de culte et de rassemblement. Nos internats ont été immédiatement fermés, les sœurs enseignantes en congés. Certains services administratifs, commerciaux et sanitaires sont encore ouverts. Les mesures sont les mêmes que vous observées déjà en Europe, seulement qu’ici, il est très difficile de ne pas se saluer ou se donner des accolades parce que tous ne sont pas au même niveau d’informations. En entendre dire simplement est une chose, voir des faits sur les réseaux sociaux ou à la télévision est encore une autre chose. Or tous n’ont pas de moyens d’informations. Et puis les gens continuent de vaguer à leurs occupations, les rues regorgent toujours de monde, les marchés aussi. Vous comprenez qu’un tel virus ici sera très très dévastateur pour la population. Les Chrétiens sont conscients et prient beaucoup. Dans certains villages le sort est conjuré par des pratiques animistes (à Nidrou par exemple on se purifie à la rivière puis on se badigeonne de Kaolin blanc et on parcourt le village…).
Ce matin le curé de Morofé (Koffi Emmanuel) a proposé de dire la messe dans les différentes CEB du quartier au cours de la semaine mais il n’y aura pas de messe le dimanche. J’ai demandé s’il était possible d’avoir des messes en communauté chez nous, il ne voit pas d’inconvénients. Mais quels risques nous courons avec ses messes dans les quartiers. Tout compte faire la chose est encore en réflexion. L’idée m’est venue de proposer plutôt des messes par la radio au père Hervé Djezou, directeur de radio Maria. Il m’a répondu au bout du fil qu’une cellule de réflexion est réunie autour du vicaire apostolique à ce sujet. Nous aurons probablement une réponse positive, ainsi un grand nombre de la population pourra s’unir depuis leur maison au sacrifice du Seigneur.
Les sœurs vont toutes bien, sauf de petites fatigues par-ci par-là, je vous souhaite autant. Prenez soin de vous et continuons de cheminer dans la lumière du Seigneur.
Je vous confie tout spécialement à l’intercession de Saint Joseph afin qu’il vous protège comme il l’a fait pour l’Enfant Jésus dans les situations catastrophiques de son temps.
Bonne fête de la Saint Joseph !
Sr Marie Chantal Combo
Supérieure générale
des Sœurs de Ste-Ursule de Sion